Du dégoût à l’admiration
Le jour où j’ai découvert Antoni Tàpies était aussi le jour où j’ai été, pour la première fois de ma vie, littéralement dégoûté par une œuvre d’art. Son œuvre intitulée « Grand drap noué aux détritus » et datée de 1971 aura été l’une des rares œuvres d’art à m’inspirer de la répugnance !
D’ailleurs, je me souviens que dans le livre que je lisais, on avait intitulé cette œuvre « Grand drap noué aux détruits, 1791 » au lieu de « Grand drap noué aux détritus, 1971. » La personne qui a inscrit ce titre devait être suffisamment dégoûtée pour écrire « détruits » au lieu de « détritus » et « 1791 » au lieu de « 1971. » Enfin, ces œuvres qui offusquent ont au moins le mérite de ne pas laisser indifférent.
À part cela, Tàpies, qui est né en 1923 et vit à Barcelone, centre espagnol de l’avant-garde artistique depuis le milieu du 19ième siècle, a eu une carrière prolifique qui dure depuis plus de soixante ans. Sa toute première exposition date de 1950. La même année, il obtenait une bourse pour aller à Paris. Une fois là-bas, il eut la fabuleuse chance d’être apprécié par l’influent critique d’art Michel Tapié (la ressemblance des noms est une simple coïncidence) qui aura défendu l’art de Tàpies avec beaucoup d’enthousiasme.
Si je vous parle de Tàpies c’est parce que, entre temps, je suis devenu très curieux de son art, et avide de ses écrits. Il a publié son premier ouvrage, La pràctica de l’Art, à l’âge de 47 ans. Quatre ans plus tard, en 1974, il a publié L’Art contra l’Estética, puis d’autres ouvrages tels que Memòria personal (1978), La realitat com a art (1982), Per un art modern i progressista (1985), Valor de l’art (1993) et L’art i els seus llocs (1999).
Au début de sa carrière, il était considéré comme le principal représentant de l’art informel. À partir des années 1970, il a commencé à incorporer dans ses œuvres toutes sortes d’objets. Il était donc relativement difficile de classifier son art vu qu’il révélait des parallèles avec l’arte povera, l’expressionnisme abstrait, le pop art et d’autres mouvements.
Peintre, sculpteur, graveur et écrivain, Tàpies est passionné par la philosophie, la littérature et la musique –surtout les romantiques tels que Brahms et Wagner. Mais je pense qu’il est surtout peintre, car il utilise essentiellement de la peinture, enrichie de diverses substances. En effet, sa caractéristique principale est l’usage de pigments appliqués en empâtement épais, auxquels il ajoute parfois du sable et divers matériaux.
Son message est axé sur la réévaluation de ce qui est considéré comme bas, répulsif, désagréable ou dégoûtant, comme ces nombreux détritus mués en art. En d’autres mots, rien de ce qui est habituellement méprisé ne devrait l’être. Pour lui, « le moindre geste de vie, un simple graffiti sur un mur, s’il est justifié par un fait humain, a infiniment plus de valeur que toute la peinture des musées, dépourvue de tout lien avec notre existence. »
Merci.
BOUHIOUI
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www.bouhioui.canalblog.com
http://www.flickr.com/photos/bouhioui-2010 (Exposition: Mains d'artistes)
www.aujourdhui.ma
Dr Hamid Bouhioui, Artiste peintre
"They run as fast as they can. A gasp at the cost of effort. Other fall and no longer stand. Some, more resistant, sing a song to give encouragement. She says, do not let your head like one that has been vanquished. She says, wake up, come on, the struggle is long, the fight is difficult. Then they shout with all their strength to show their enthusiasm. "(Monique Wittig, The Guerrillas).
Sunday, September 18, 2011
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